Chaque enfant est différent
Avec des couches faciles d'utilisation, qui ne demandent aucun entretien, les mamans trouvent le moyen de se focaliser sur la propreté précoce de leurs enfants. Comme si elles avaient obtenu une victoire durement arrachée, elles se montrent très fières d'annoncer que leur enfant est propre avant celui de la voisine du même âge. Ce phénomène paraît être universel. Dans certains pays, les méthodes utilisées sont directement en relation avec le niveau de vie et de développement comme en Ouzbékistan où l'apprentissage de la propreté commence à la naissance et où ont sort régulièrement les très jeunes enfants à l'extérieur pour les inciter à faire leurs besoins sur commande quel que soit le moment de l'année et où on couche l'enfant dans un berceau muni d'un pot la nuit. D'autres coutumes en Afrique consistent à faire régulièrement des lavements intestinaux aux bébés qui ne portent jamais de couches. Si ces comportements peuvent à la rigueur être compréhensibles du fait de l'ignorance et de l'indigence, il n'y a plus aucune raison dans nos sociétés contemporaines à utiliser des méthodes coercitives pour la propreté de nos enfants. Quand un enfant peut-il être propre ?
Il n'y a pas d'âge pour la propreté. L'enfant donnera de lui-même des signaux à ses proches quand il sera prêt. Comme dans tout développement humain, chaque enfant est une personne, un individu qui se développe selon son propre rythme. Certains enfants marchent à neuf mois et d'autres à deux ans sans que personne ne s'en inquiète, et à juste titre. Pendant que l'un apprend à marcher, l'autre mettra toute son énergie et son attention à acquérir la parole. Quand il saura parler, même s'il a 18 mois, il s'intéressera à la marche comme si de rien n'était. Personne ne songerait à essayer de forcer un enfant à marcher s'il n'est pas prêt. Alors pourquoi forcer les enfants à être propres s'ils ne sont pas prêts ? Malgré les avertissements largement diffusés et répétés par tous les spécialistes de la petite enfance sur les dangers physiques mais surtout psychologiques du fait de culpabiliser un petit enfant à ce sujet, nombre de familles continuent de mettre un point d'honneur sur une propreté précoce. L'enfant à qui sa maman demande ce qu'il n'est pas encore capable de faire, va accumuler les angoisses, la tristesse de ne pouvoir lui faire plaisir jusqu'à perdre sa confiance en soi. Si un beau matin au contraire il annonce qu'il n'a pas besoin de couche, que sa maman reste très bienveillante en cas d'accident de parcours, qu'elle n'y attache surtout aucune importance, la propreté s'installera tout naturellement. Et peu importe à quel âge. Peut-être qu'un jour les psychiatres nous diront d'où proviennent ces obsessions de certains parents et si ces obsessions sont seulement des anachronismes.